Divine comédie

Bonjour,

A propos de divine comédie, çà fait un moment que vous n'avez pas entendu parler de ma carrière théâtrale. Depuis le spectacle des contes de Nasreddine l'année dernière en juin en fait. A la suite de cette expérience, j'avais très envie d'attaquer la préparation d'un nouveau spectacle, de préférence une vraie pièce cette fois-ci.

C'est pourquoi j'ai trouvé le temps long sur la première partie de la saison 2 de l'Atelier, même si j'ai apprécié l'arrivée de nouveaux participants, donnant une nouvelle dynamique au groupe. Ludo, notre mentor, a commencé par parler d'assemblages de textes, puis çà s'est orienté fin février sur une pièce De Guy Foissy, Veillée funèbre. Voilà qui peut faire froid dans le dos au premier abord, mais le sujet est traîté avec humour (noir), du gros délire!



L'originalité de la pièce réside dans le fait qu'elle est flexible dans sa distribution, pas de personnages prédéfinis, seulement mille répliques numérotées. C'était pratique pour notre groupe de onze comédiens, d'autant plus qu'il y en a eu un qui nous a lâchés en cours de route, pour cause de baptême! A la place d'une veillée funèbre, pas mal, non? ;-)

Je me suis donc très vite enthousiasmé pour le projet, que j'attendais avec impatience. Dans mes longs trajets en train entre Dijon et Chagny, j'ai même commencé à faire une distribution à ma sauce. Manque de chance, Ludo ne comptait finalement pas partager cette exercice, donc il l'a faite à son idée, pour grande partie de manière aléatoire. Il en ressortait de nombreuses incohérences, qu'il assumait beaucoup plus que moi. Pendant quelques semaines, j'ai oscillé entre résignation et volonté d'imposer ma vision. Au final, beaucoup de prise de tête pour pas grand chose, mais j'ai quand même récupéré une dizaine de répliques qui me permettaient de sortir un fil conducteur à mon personnage, le fameux "si vous voulez mon avis"; çà valait la peine de faire mon lourd!



Par la suite, je me suis donc focalisé sur l'apprentissage de mon texte, me disant que la création de mon personnage et la mise en scène arriveraient naturellement au fil des séances. C'est effectivement comme çà que çà s'est passé, j'ai donc abordé le processus avec beaucoup plus de sérénité. Je me suis rapidement approprié mes répliques, j'ai été le premier à répéter sans mon texte, çà n'a pas été le cas pour tout le monde. Six semaines avant la représentation, quand tout le monde a du lâcher ses anti-sèches, çà a été très laborieux. Je revenais régulièrement le lundi soir assez dépité, avec l'impression qu'on n'avançait pas, et, pire, qu'on ne serait jamais prêts pour le jour J. Même la veille, ce n'était franchement pas au point, on faisant même des boucles dans le texte!

L'adrénaline était donc au maximum avant d'entrer sur scène le 25 juin, tout pouvait arriver! Ceci dit on était bien pimpants, une fine équipe, prête à relever le défi avec enthousiasme:



Au rendez-vous sous vos yeux ébahis, une toquée des années folles, une vieille prostituée, un vieux pervers, un hardos bourru, une grenouille de bénitier, une bourgeoise alcoolique, une gothique, une jeune naïve prise de coliques et un gérant de boîte de nuit travesti. Pour ma part, je faisais l'homme d'affaires encostardé, constamment pendu à son portable.

Nous faisions trois séances, la salle ne pouvant accueillir qu'une trentaine de spectateurs. Les trois se sont plutôt bien passées, mais si elles ont été très différentes; Loom a eu de la chance, elle a assisté à la meilleure, celle du samedi après-midi, et c'est celle qui a été filmée, vivement le DVD! Pour celle du samedi soir, on avait un public beaucoup plus enjoué, c'était sympa, on s'est relâchés, du coup le dernier acte est bien parti en vrille, pas grave, çà ne s'est pas vu. Après çà, on a bien fait la fête ensemble, on est même allés jusqu'à profaner le cercueil en carton, made by Ludo:



En rentrant à 3h, je me sentais tout déprimé, une fois la pression et l'euphorie retombés. Dès le lendemain ne restait qu'un petit blues mais surtout la joie et la fierté d'avoir mené à bien une belle expérience artistique et humaine. Bref, j'ai fini cette année comblé, aucune frustration, mais la satisfaction d'être arrivé à l'aboutissement que j'attendais. Contrairement à certains, je ne ressens donc pas le besoin de continuer l'année prochaine, je suis prêt à passer à autre chose (la salsa?). Heureusement, parce qu'il y a eu coup de théâtre inattendu...

Dimanche dernier, nous sommes allés voir Ludo jouer, pour ma part je ne l'avais pas encore vu sur scène, c'était l'occasion de boucler la boucle; çà s'est passé dans une grande salle de la mairie, le lieu idéal (si on fait abstraction de la chaleur) pour jouer La tournée des grands ducs, un spectacle délirant basé sur l'histoire de Dijon. Un bon moment...



A l'issue de la représentation, je me suis vite éclipsé parce que j'avais oublié mes clés (une fois n'est pas coutume), certains sont allés boire un verre. A la fin de la soirée, un de nos acolytes a lâché le morceau: Ludo a proposé à la moitié de notre groupe d'intégrer l'atelier 2 de l'année prochaine, pour préparer un nouveau projet. Pour ma part, je n'avais pas exprimé le désir de continuer, donc je ne m'attendais pas à être sollicité, même si çà aurait pu flatter mon ego! D'autres ont beaucoup plus mal pris la nouvelle, ce qui se comprend. Dommage de finir là-dessus, mais la "comédie humaine" réserve bien des surprises, bonnes ou mauvaises, c'est la vie! C'est çà la divine comédie, non?